Maîtriser et promouvoir les usages pédagogiquement pertinents de la technologie en enseignement des mathématiques

Accueil > Session 2018 > Informatique débranchée

Informatique débranchée

lundi 5 novembre 2018, par Christian Mercat

Le prix Serge Hocquenghem vise à promouvoir le travail de ceux qui, dans l’enseignement scientifique, du primaire à l’université, ou dans la vulgarisation scientifique, développent des outils de qualité et expérimentent des usages prometteurs d’outils existants. Ce prix vise, pour le bénéfice de tous les acteurs de la communauté éducative :
- à promouvoir une utilisation pédagogiquement pertinente et innovante d’outils numériques pour les sciences ;
- à contribuer à ce que l’enseignement mathématique, et plus généralement scientifique, profite mieux de la révolution numérique qui bouscule les pédagogies traditionnelles ;
- à consolider, prolonger et diffuser le développement d’outils pédagogiquement prometteurs ;
- à promouvoir et disséminer des usages pédagogiquement pertinents d’outils insuffisamment connus et pratiqués.

Les outils numériques sont aujourd’hui de plus en plus présents dans nos vies et pourtant leur compréhension n’est pas forcément plus pertinente. Penser de manière algorithmique, ce n’est pas se ruer sur un clavier et une souris, c’est d’abord prendre de la distance par rapport à une situation, souvent complexe et équivoque, comprendre ce qui est important, ce qu’on choisit de négliger, nommer les choses importantes, analyser comment elles sont organisées, quelles structures de données sont adaptées à les décrire (est-ce un produit de deux ensembles, une union disjointe, un tableau à double entrée, une fonction ?), et les mettre en relation les unes avec les autres. Seulement alors peut-on, dans l’espace abstrait de la mathématique et de l’informatique, raisonner sur des concepts, faire des démonstrations. Aussi il a paru important au jury du prix d’honorer une représentante éminente d’une branche de la pédagogie de l’informatique, qui fait beaucoup pour démystifier la puissance des ordinateurs et dénaturaliser en amont ce qui semble aller de soi aux "digital natives" d’aujourd’hui qui ont un rapport souvent magique avec leurs objets connectés, pour le remplacer par un lien plus rationnel, scientifique, tout en restant très ludique.

Marie Duflot-Kremer est une ambassadrice infatigable des activités d’informatique débranchée. Maîtresse de conférence en informatique à l’université de Lorraine, membre de l’équipe Veridis d’Inria et du Loria de Nancy, elle s’investit fortement dans la communauté française InfoSansOrdi. S’inspirant d’abord des activités de Computer Science Unplugged autour du néo-zélandais Tim Bell, elle développe maintenant ses propres activités. Celles-ci sont testées dans des classes ou des lieux d’activités périscolaires, pour les valider mais aussi pour permettre aux enseignants ou animateurs de les prendre en main et de pouvoir les réaliser à nouveau. Marie Duflot-Kremer est un catalyseur qui permet à d’autres de s’approprier les ressources d’informatique débranchée voire d’en inventer de nouvelles comme lors de l’école de médiation de la SIF en 2018. Et si elle se présente souvent comme informagicienne, c’est bien pour lever le voile, toujours avec humour, sur la science qui se cache derrière bon nombre de nos pratiques numériques quotidiennes.

Découvrir l’informatique sans ordi avec Marie, c’est souvent activer son corps autant que ses neurones. Une place importante est en effet réservée aux manipulations, de sorte que l’on peut parler de sciences manuelles du numérique. Le corps, sa position dans l’espace et le temps, les doigts, des objets tangibles, des traits sur le sol, des confrontations deux à deux pour une comparaison, aident à comprendre et à jouer les mouvements de l’information et l’état des variables dans le déroulement d’un algorithme.